L’élimination de l’écart salarial entre les sexes transformerait notre monde pour le mieux, tant pour les hommes que pour les femmes. Imaginez avoir plus de temps pour faire ce que vous aimez, avec les gens qui vous sont chers. Imaginez avoir un travail sûr et décent dans une économie en croissance. Imaginez un monde où personne n’a le sentiment de porter tout le fardeau des tâches familiales. Imaginez moins de disputes et plus d’harmonie dans vos relations.
Comment est-ce possible?
1. Améliorer le marché du travail : L’année dernière, les hommes ont effectué plus d’heures de travail payées que les femmes. Plus de femmes que d’hommes travaillent à temps partiel : 27 % des femmes comparativement à 12 % des hommes sur le marché du travail. Et il en est ainsi depuis 30 ans. Pourtant, quand les femmes ont accès à plus d’heures rémunérées, à plus d’emplois à temps plein et à de meilleures possibilités d’emploi, tout le monde en profite. Selon une récente analyse des pays développés, l’élimination de la différence entre le taux d’emploi des femmes et celui des hommes entraînerait une hausse du PIB d’au moins 9 %. Le nombre global d’heures de travail payées augmenterait et l’économie se développerait. Ainsi, non seulement le nombre d’heures de travail payées et les salaires des hommes demeureraient inchangés, mais la croissance économique améliorerait les possibilités d’emploi et permettrait aux gouvernements d’offrir de meilleurs avantages aux hommes et aux femmes grâce à la hausse de leurs revenus.
2. Éliminer l’écart salarial : Nous sommes sans doute tous favorables au principe de l’équité. Si deux personnes ayant la même formation et les mêmes compétences fournissent le même effort pour un travail d’une même valeur, alors elles devraient recevoir le même salaire, n’est-ce pas? Alors, pourquoi un pays qui prône l’équité arrive-t-il cinquième sur 28 pays développés au chapitre de l’écart salarial entre les sexes? Au Canada, les femmes qui travaillent à temps plein gagnent 23 % de moins que les hommes. Et l’écart est encore plus prononcé pour les mères seules, les femmes autochtones et les femmes ayant un handicap. Par exemple, le revenu moyen des femmes ayant un handicap au Canada est 33 % moins élevé que celui des hommes ayant un handicap, et 57 % inférieur à celui des hommes en général. Non seulement ces écarts sont-ils injustes, mais ils représentent une énorme perte de revenus potentiels pour les individus et les collectivités. Même les estimations les plus prudentes de nos consœurs à la Banque mondiale indiquent que l’élimination de l’écart salarial entre les femmes et les hommes entraînerait une hausse du PIB du Canada pouvant atteindre 10 %. Cela serait certes avantageux pour tous et toutes.
3. Investir dans les services de garde d’enfants : Voilà une mesure qui va vous enrichir et vous permettre d’avoir plus de temps de qualité avec votre partenaire.
Les deux tiers des gens qui ont des enfants âgés de moins de 6 ans travaillent; certains par choix, la plupart par nécessité économique. Bref, les parents travaillent, par choix ou non, et leurs enfants ont besoin et méritent des soins sécuritaires et de qualité. Pourtant, le Canada a le taux d’accès à des services de garde le plus faible du monde industrialisé. Les dépenses publiques du Canada pour l’éducation et la garde des jeunes enfants représentent seulement 0,25 % de son PIB, soit le tiers de la moyenne de 0,7 % des pays de l’OCDE. En outre, moins de 20 % des places existantes en garderie sont dans des services réglementés.
Qu’arriverait-il si le gouvernement fédéral investissait dans un programme de garde abordable, sécuritaire et de haute qualité? Selon les féministes radicales aux Services économiques TD, l’investissement dans l’éducation et la garde des jeunes enfants favoriserait une plus grande participation des parents au marché du travail, tout en améliorant les perspectives d’emploi pour leurs enfants et en réduisant leurs périodes de chômage, le cas échéant. Dans le même document, les Services économiques TD avancent aussi que le fait d’investir dans les services de garde pourrait aussi réduire la pauvreté et diminuer les inégalités de revenus. Les parents qui travaillent auraient un endroit sécuritaire pour faire garder leurs enfants. Les hommes et les femmes ayant des enfants auraient plus de temps pour trouver un emploi, qu’ils seraient plus susceptibles de conserver. Ainsi, le revenu de tous et toutes augmenterait. Plus il y aurait de personnes sur le marché du travail, plus l’économie serait florissante. Et si les politiques sociales et économiques appropriées étaient mises en place, tous et toutes (avec ou sans enfants) pourraient bénéficier de cette croissance. Sans oublier qu’à la fin de la journée, les gens seraient beaucoup moins impatients et fatigués, ce qui fait que le temps passé en famille serait vraiment du temps de qualité.
4. Mieux partager les tâches : Bon, les gars, allons-y sans détour cette fois : si vous vivez avec une femme, vous allez devoir faire plus de travail non rémunéré. À l’heure actuelle, vous accomplissez le tiers de tout le travail non payé (vous savez de quoi je parle… les courses, la vaisselle, changer les couches), alors que les femmes effectuent les deux autres tiers. Mais sachez que des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles ont récemment déterminé que les couples qui divisent de façon claire et égale les tâches domestiques sont plus heureux que les autres couples. Il semblerait que le partage des tâches domestiques arrive au troisième rang seulement des critères d’un mariage réussi — juste après la fidélité et une vie sexuelle satisfaisante. Oui, vous avez bien compris : juste après le sexe. L’étude a conclu que les conjoints qui partagent le travail de la maison également ont un plus grand sentiment de satisfaction dans leur relation et de bien-être. Vous avez pris des notes?
Tout cela semble bien utopique, n’est-ce pas? Pourtant, ça ne l’est pas, et si vous ne me croyez pas, consultez l’Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral 2013. Vous y trouvez tous les détails et les chiffres. L’égalité des sexes doit être une priorité, et nous en avons les moyens. C’est à nous de l’exiger.
Kate McInturff est une chercheure avec le Centre canadien de politiques alternatives et une experte en matières de budgétisation sensible à la sexospécificité.
Traduction française de l'Alliance de la Fonction publique du Canada.