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Les inégalités en hausse dans les écoles québécoises

January 1, 1970

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Le système scolaire québécois est mal en point. Le plus souvent, ce sont les commissions scolaires et une certaine rigidité bureaucratique qui sont pointées du doigt et accusées de tous les maux. Pourtant, la principale menace qui plane sur nos écoles n’a rien à voir avec deux ou trois fonctionnaires trop pointilleux, mais avec les fortes inégalités qui y prennent.

Aujourd’hui, près de 40 % des élèves du secondaire ne sont plus inscrits à l’école publique régulière. Ceux-ci sont soit au privé ou dans des programmes et des projets particuliers. Ceux qui pensent qu’il existe au Québec quelque chose comme une école commune, gratuite et universelle, se trompent. Ce que nous avons, c’est le système le plus inégalitaire au Canada dans lequel les enfants doués ou provenant des milieux plus aisés ont à leur disposition un système qui laisse de côté 60 % des élèves québécois.

On pourrait croire que ces ratios démontrent simplement une démocratisation de l’école privée et des programmes particuliers, permettant justement aux élèves moins fortunés d’avoir accès à une éducation dite supérieure. Or, rien n’est moins vrai. C’est à un système à deux vitesses que nous avons affaire. En effet, 72% des élèves qui fréquentent une école privée proviennent d’un milieu favorisé, soit un revenu familial de 100 000$ et plus et les jeunes provenant de familles à faible revenu ne représentent que 7% de l’effectif. De plus, les écoles offrant des programmes particuliers sont sous-représentées dans les secteurs défavorisés.

L’essor des écoles privées et le développement des programmes et projets particuliers n’ont qu’une conséquence : limiter la mixité sociale à l’intérieur des classes et créer ainsi un effet de ségrégation scolaire.

La ségrégation scolaire nuit à la performance

Le portrait est clair, quatre élèves sur dix du secondaire ne fréquentent plus le parcours public régulier. Mais, la question qui se pose alors, est quels sont les effets de cette ségrégation? Les meilleurs, qui sont sélectionnés à l’aide de tests d’entrée pour fréquenter les écoles privées ou des programmes particuliers, trouvent-ils dans ces établissements une éducation supérieure leur permettant de réaliser leur plein potentiel?

La réponse est simple, non.

On ne remarque aucune amélioration au plan des résultats des élèves allant au privé ou fréquentant classes du public pratiquant un type ou un autre de sélection. Alors, non seulement notre système est élitiste, mais ces pratiques n’ont même pas le mérite de se défendre d’un point de vue de l’amélioration de la performance des élèves. Alors que la «part de marché» de l’école privée au secondaire est passée de 16,8% à 21% en 13 ans, le taux de réussite chez les jeunes a diminué légèrement dans le secteur privé en passant de 98,1% à 96,2% entre 2011 et 2015, et a chuté de 91,8 % à 83,6% pour les jeunes inscrits au public, soit une baisse significative de 8,2 points. Bref, de mettre les enfants privilégiés et doués dans les mêmes classes d’une part ne les aide pas à se dépasser, mais les retirer de l’école commune nuit aux autres.

Pour favoriser les chances de succès de tous et toutes, il faudrait plutôt revaloriser le parcours commun et la mixité sociale des classes. Les plus forts ne souffriraient alors d’aucun préjudice, mais les conditions d’apprentissage de la majorité s’en trouveraient améliorées.


Philippe Hurteau est chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), un think tank progressiste basé à Montréal. 

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