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Postes Canada aurait intérêt à reprendre contact avec la réalité

July 12, 2016

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Postes Canada semble faire marche arrière, du moins à court terme, quant à ses menaces de mettre en lock-out ses travailleuses et travailleurs et de paralyser le service postal, puisque les négociations se poursuivent. Il s’agit d’une volte-face remarquable de la part d’une société d’État qui, lors des dernières négociations, avait obtenu un résultat fort différent sous un gouvernement bien différent.

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a soulevé plusieurs enjeux cruciaux qui ont capté l’attention de la population et des médias. Mais que s’est-il produit depuis 2011 pour que ce discours progressiste réussisse à réfuter l’argumentaire de la Société et à réorienter le débat?

Un certain nombre de choses, sans doute.

#ParceQueNousSommesEn2015

D’accord, 2016. Le principe de l’équité entre les sexes n’est pas récent, mais il connaît un renouveau à la Chambre des communes (grâce en grande partie au travail acharné d’organismes des droits des femmes, qui a été catalysé par des initiatives comme la campagne « Place au débat » durant les élections de 2015). C’est pourquoi, quand le STTP signale que les factrices et facteurs ruraux (FFRS), dont 70 % sont des femmes, gagnent en moyenne 28 % de moins que leurs homologues en milieu urbain, en majorité des hommes, la dimension de l’équité salariale trouve écho. Comme le fait remarquer Armine Yalnizyan au cours d’une entrevue récente, « il est impossible de qualifier l’équité salariale de déraisonnable ou d’inabordable : nous sommes en 2016! » D’ailleurs, c’est un droit garanti par la loi. (L’AFPC  ont tous deux défendu ce droit avec succès au moyen d’une plainte déposée en 1983 sous un autre premier ministre Trudeau).

À la retraite, vivre dans la pauvreté ou dans la dignité?

L’insistance de Postes Canada à soutenir que les régimes de retraite à prestations déterminées sont une chose du passé est plutôt douteuse, surtout que le récent débat sur la bonification du Régime de pensions du Canada – qui a tout à voir avec des prestations déterminées – vise à assurer la viabilité du régime pour les générations à venir. Il semble que la population n’ait pas du tout envie de vivre dans une pauvreté abjecte à la retraite, et certains gouvernements sont à l’écoute. La question est de savoir si Postes Canada finira par écouter?

Fait à noter, bien qu’ils occasionnent plus de travail aux employeurs, les régimes de retraite à prestations déterminées sont loin d’être en voie de disparition. Même si la majorité des travailleuses et travailleurs canadiens n’ont pas de régime de retraite au travail, près de trois quarts de ceux qui en ont un ont un régime à prestations déterminées.

Mise à part la question des prestations déterminées, savez-vous à combien se chiffre la pension d’un facteur à la retraite qui atteint l’âge de 65 ans? À 24 500 $ par an après 35 années consécutives de service à Postes Canada. Est-ce vraiment trop généreux après avoir travaillé toute sa vie dans un emploi où le taux d’accidents du travail est l’un des plus élevés de tous les employeurs relevant du secteur fédéral?

Solidarité intergénérationnelle

Les répercussions d’une économie précaire et d’un marché de l’emploi instable amènent la population à s’inquiéter vivement du sort de la prochaine génération. En rejetant de façon retentissante l’insistance de Postes Canada à vouloir que les futurs employés et employées aient un revenu de retraite moins sûr que les travailleuses et travailleurs actuels, le STTP accorde la priorité à la solidarité intergénérationnelle, et ce, à un moment où les jeunes travailleurs et travailleuses se font dire qu’ils devront réduire leurs attentes, travailler pour moins (ou même rien du tout), tout en réussissant à rembourser leurs prêts étudiants et, s’il leur reste de l’argent, à épargner pour un avenir incertain où la retraite devient une perspective de plus en plus illusoire.

Changer les attitudes à l’égard du mouvement syndical

Vous vous rappelez de 2011 et de la loi de retour au travail du gouvernement Harper qui imposait un règlement par arbitrage aux travailleurs et travailleuses que Postes Canada venait de mettre en lock-out quelques jours plus tôt? Eh bien, il se trouve que cette même loi contrevient à la liberté d’expression du STTP, selon une décision de la Cour supérieure de l’Ontario rendue au printemps. Cette décision n’est rien de moins qu’un rappel important, et qui tombe à point nommé, des droits juridiques des syndicats et des travailleurs et travailleuses dans le climat politique actuel, un rappel qui semble même avoir été entendu par certains grands médias. Chose certaine, je ne me souviens pas que le Canadian Business Magazine se soit déjà donné la peine d’expliquer la différence entre un lock-out et une grève au cas où ses lecteurs n’auraient pas su qui, de Postes Canada ou du Syndicat, menaçait de paralyser le service postal.

Au sujet de la décision de mettre fin à la livraison à domicile …

L’actuel conflit de travail, jumelé aux menaces de lock-out de Postes Canada, intervient moins de deux ans après que Postes Canada eut annoncé qu’elle mettait fin à la livraison à domicile et qu’elle remplaçait ce service par des superboîtes, légèrement moins conviviales (Postes Canada préfère utiliser l’expression sympathique de boîtes postales communautaires pour les désigner). Faut-il s’étonner que son annonce ait soulevé un vent de révolte dans la population? Des centaines de municipalités ont exigé l’adoption d’un moratoire ou encore l’annulation pure et simple de la décision. Tant le parti libéral que le NPD ont fait du service de livraison à domicile un enjeu électoral et, une fois portés au pouvoir, les libéraux ont annoncé la tenue d’un examen public du système postal, qui est en cours en ce moment.

Au sujet des profits annuels de Postes Canada…

Les médias rapportent maintenant de manière beaucoup plus cohérente et précise le fait que Postes Canada est une société d’État rentable. En fait, au cours des deux dernières décennies, les seules années où Postes Canada n’a pas déclaré de profits sont celles où il y a eu un arrêt de travail (donc 19 des 21 dernières années ont été rentables). Postes Canada n’est pas subventionnée par les contribuables. Au contraire, Postes Canada « subventionne » les contribuables. Les volumes de la poste-lettres sont peut-être en baisse, mais le nombre de points de remise ne cesse d’augmenter et le commerce électronique permet à la livraison de colis de fracasser des records. Plutôt que de se prétendre pauvre et de réduire les services, Postes Canada devrait suivre la suggestion de son propre rapport (fortement censuré) et rétablir la banque postale – une option « gagnante » sur toute la ligne, selon le rapport en question et une solution de rechange positive aux entreprises d’encaissement de chèques et de prêts sur salaire qui ciblent les quartiers à faible revenu.

L’opinion publique a changé. Non seulement les gens se souviennent de la dernière opération irréfléchie de compressions de Postes Canada, mais ils reconnaissent aussi la déconnexion profonde entre les priorités du président-directeur général nommé par les conservateurs et les débats qui ont cours en ce moment sur la place publique. La sécurité de la retraite, la mise en valeur de la vie communautaire, l’équité salariale, le soutien intergénérationnel et la protection de nos droits, y compris le droit des syndicats de négocier librement, ne sont pas seulement importants pour le STTP et ses membres, ils trouvent écho auprès du grand public.

Ce n’est pas le service postal public qui est désuet, mais, étant donné le climat politique actuel et l’opinion publique, il semble que la direction de Postes Canada aurait vivement intérêt à reprendre contact avec la réalité.

Erika Shaker est directrice de l’éducation et de liaison communautaire au CCPA (elle est mariée à un membre du personnel du STTP). Suivez Erika sur Twitter @ErikaShaker.

Traduction fournie gracieusement par le STTP.

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